Le Chat Botté

Il était une fois...

 

Le chat botté d'après un conte de Charles Perrault

 

Sentant sa mort prochaine, un meunier fit venir ses trois fils auprès de lui.

« Mes fils, leur dit-il, je n'ai pas grand chose... Mais le peu que j'ai,  je veux le partager entre vous trois de la façon suivante :

Toi mon fils aîné, toi qui m'a toujours secondé au moulin, je te donne le moulin. Tu en feras bon usage, ses grandes ailes continueront de tourner suivant les vents . » Tournant la tête vers son deuxième fils, le cadet, il continua : «  toi qui t'es toujours investit dans le transport de notre farine vers la ville, je te donne l'ane, tu as toujours su le panser, le nourrir correctement. Tu pourras aller faire du commerce de villages en villages.»

Puis levant les yeux vers son troisième fils, le benjamin, sa voix se fit un peu plus forte : « Quant à toi, tu ne t'es jamais tellement intéressé à ce que nous vivions ici..., je ne vois pas de quoi l'avenir sera fait pour toi... Alors... Je te laisse soupira-t-il ... le chat ! »

Le vieux meunier, s'affaiblissait, il essaya encore de sourire à ses fils en guise d’au-revoir... puis ferma les yeux, tranquille, paisible. Il était mort.

 

Après l'enterrement, chacun des fils se retrouva seul face à son héritage.

L'aîné heureux se projetait dans un avenir de labeur qu'il aimait, qu'il connaissait, il devenait le meunier.

Le second, face à son âne, se sentait confiant et la tête pleine de projets. Il faut dire que cet ane là était d'un caractère docile, ni têtu, ni idiot, ( il n'avait pas envie de finir comme son cousin de l'histoire de Peau d'Ane !) . Cet ane ne rechignait pas à la tâche, transporter de lourdes charges en trottinant sur la route de la ville ne le rebutait pas.  

Quant au plus jeune des trois fils, le benjamin, il restait pantois, face à ce chat.

« Que vais-je faire de toi ? se lamentait-il. Mes frères ont plus de chance que moi, l'un sera meunier, l'autre ira de villages en villages sur les chemins, sur les marchés. Leur avenir est assuré... Mais moi... soupira-t-il ... Qu'est-ce que je vais faire de toi ? »

Ce benjamin avait beaucoup d'humour, et même en cet instant  désemparé, il ne pu s'empêcher d'ajouter dans un demi sourire :

« Je pourrais te manger, tu ferais un excellent ragout, faire un sac ou un coussin de ta peau,... de tes os, un jeu d'osselets... » ... ..la suite bientôt...


Il était là, assis, perdu dans ses pensées...
Il était là, assis, perdu dans ses pensées...



Le jeune homme était là, arpentant le monde de ses pensées... Il ne vit pas la transformation...

« Quand on a pas de Jeu, on bluff ! » C'était le chat qui s'étant redressé sur ses pattes arrières, s'adressait soudain à son jeune maître.

« Tu parles !? » s'interrogea le jeune homme ébahi.

« Je parle et ce n'est pas là mon seul défaut ! » Rétorqua le chat, un léger sourire semblait retrousser ses babines.

 

 

 

 

 

Ce chat là, n'était plus tout à fait le même. Plus grand, plus imposant, une certaine noblesse émanait de ses gestes.

« Je peux nous sortir de cette situation, repris le chat, et ce sera la fin de nos soucis, si tu écoutes mes conseils. »

« Mais ce n'... » Le jeune homme éberlué, allait protester. Le chat ne lui laissa pas le temps de poursuivre «  Je te demande de me faire confiance ! J'ai la solution à tes problèmes ! »

« Procure moi des bottes, des vêtements decents, un chapeau... et donne moi ta gibecière ! » Réclama le chat d'un ton impérieux.

« Tu veux rire s'emportait Benjamin, des bottes, des vêtements, un chapeau, ma gibecière... a-t-on jamais vu... Et pourquoi pas ma rapière ! »

Le chat sans se préoccuper du ton employé par son maître se contenta d'incliner la tête sur le côté « Oui tu peux me prêter ta vieille rapière, je n'en aurai peut-être pas besoin !»

Puis considérant le jeune homme estomaqué, il repris sur un ton plus doux «  Écoute moi, fais ce que je te dis et je te le garantis, nous nous sortirons de cette triste situation. »

Le jeune homme, à demi convaincu, s'en alla grommelant... Dans une remise, proche du moulin de son frère aîné, il trouva des vêtements, ils n'étaient plus très neufs, mais ça irait bien, pensa-t-il. Des bottes, il n'avait pas d'autres bottes que les siennes... Il décida d'enfiler les vieux sabots qu'il mettait pour jardiner ( ce qui lui arrivait rarement!). Ainsi il remettrait ses bottes à Monsieur « le Chat » ! Il en fut de même pour le chapeau, la gibecière, et l'épée. Tout ces biens lui appartenait, il se sentit démuni...

C'est pourtant d'un ton ferme qu'il s'adressa au félin, qui l'avait suivi.

«Le chat ! Tiens, ...voici ce que tu m'as demandé ! : Les vêtements, des bottes, un chapeau, une gibecière et ma rapière. Voyons de quoi auras-tu l'air, alors »



« Merci jeune maître » ronronna le chat et il s’empressa de s'habiller. Un  air narquois et fier se dessina sur ses traits, il se tourna vers son maître. Faisant virevolter son chapeau, il s'inclina imperceptiblement, dans une révérence discrète !

le chat redressé sur ses  pattes, d'un air suffisant...
le chat redressé sur ses pattes, d'un air suffisant...